Au milieu du 19ème siècle, les facteurs de Château-d’Oex et de Vevey, qui échangeaient leur sacoche au sommet du col, étaient sans doute moins sensibles que les touristes étrangers, dont Mendelssohn, à la beauté du lieu. On rapporte qu’ils furent plus d’une fois attaqués par des ours…
Paradoxalement, du vieux chemin muletier ne subsistent que peu de choses et principalement du côté septentrional. Entre Montbovon et Allières, le tracé primitif est bien conservé (belle volée de gradins taillés dans la roche, superbe chemin en partie creux et en forêt, empierré ou à même le roc et vieux pont de pierre des16ème – 19ème siècles au-dessus d’une gorge sauvage). D’Allières aux Cases, tronçon de choix en pâturage jusqu’au tunnel du MOB. De là au sommet du col, tout ne respire que silence, beauté et état sauvage. Après la borne de frontière cantonale FR/VD, belle route carrossable récente (20ème siècle) aux lacets grimpant dans une verte combe; c’est sans doute la clé de l’attraction qu’exerce Jaman sur ses visiteurs.
Le col de Jaman apparaît de façon schématique sous le nom de « Chemin de Vevay en Gessenay » sur la carte de Jacques Goulard datant de 1605 et il est attesté dans le plan de Montbovon de 1742 avec la mention de « Chemin public » à la hauteur des Allières et de « Sentier » dans la montée des Cases.
Les plus anciennes attestations écrites du franchissement du col remontent aux Guerres de Bourgogne (1476), quand les troupes fribourgeoises et gruériennes passèrent par Jaman pour repousser les Savoyards jusqu’à Vevey. Il est certain toutefois que le passage était connu et utilisé bien antérieurement au 15ème siècle.
Bien qu’il s’agisse d’un col d’accès facile, en particulier du côté fribourgeois, le géographe Mercator le décrit au 16ème siècle comme « l’espouvantable précipice de Mustruz (Montreux)… » Au 18ème siècle, mais probablement auparavant, le passage a joué un rôle d’une certaine importance dans le commerce et l’exportation des fromages de la Gruyère et de Château-d’Oex. Si la grande majorité des denrées empruntait la route de Vevey par Bulle, Châtel-St-Denis et Corsier, une quantité non négligeable de marchandises transitait par le col comme l’atteste un document de 1753 : « En Fromages des Comerçants Frybourgeois, pour France, ainsi que le Livre des Hales de Vevey le prouve, on y fait une année aidant l’autre 6000 Tonneaux dont il faut distraire Mille de fromage qui vient par la Route du Pay denhaut, reste par celle de Corsier… ».
Jusque vers 1880 le col fut très fréquenté, mais à la fin du